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17/07/2011

Albert Camus

Pour Némésis

 

Cheval noir, cheval blanc, une seule main d'homme maîtrise les deux fureurs. A tombeau ouvert, joyeuse est la course. La vérité ment, la franchise dissimule. Cache-toi dans la lumière.

Le monde t'emplit et tu es vide : plénitude.

Petit bruit de l'écume sur la plage du matin ; il remplit le monde autant que le fracas de la gloire. Tous deux viennent du silence.

Sous la dalle de la joie, le premier sommeil.

Semé par le vent, moissonné par le vent, et cependant créateur, tel est l'homme, à travers les siècles, et fier de vivre un seul instant.

 

 

Carnets III : mars 1951 - décembre 1959.

- Gallimard, 1989. - 301 pages.

 

 

Albert Camus (1913-1960)

Oui, il s'agit bien de l'auteur de L'étranger et de La peste, Prix Nobel de Littérature 1957. C'est un de ses rares poèmes publiés (mais on peut tenir Noces et L'été pour deux recueils de superbes proses poétiques).

René Char, son ami, est ici très proche. Mais aussi Platon, à travers le mythe, dans Phèdre, des deux chevaux, Tymos et Épithymia, la colère et le désir, que la raison, attentif cocher, doit dompter et conduire.

C'est une des dernières pages écrites par Camus, avant l'accident de voiture du 4 janvier 1960 qui lui coûte la vie. Les chevaux ce jour-là n'étaient pas maîtrisés.

14:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1)