29/09/2012
Michèle Finck (3)
Tout au fond
Tout au fond de la douleur il y a encore un fond
Plus profond où se jeter corps et crâne contre le roc.
L'amour impossible est un soleil suicidé
Qui cicatrise de cris dans le ventre.
Heurts de langue contre la lame de la mémoire.
Les sanglots veillent sur la solitude de l'os
Et le bercent. La mie des mains prie plus douce
A chaque chute. Les bouches de la folle se changent
En violoncelle et tètent le noir.
* * *
A la couleur
J'ai cru griffer le ciel jusqu'au sang
Mais le ciel ne saigne pas.
Quand le prince de la couleur viendra-t-il
Enluminer nos corps de sa salive multicolore ?
Quand peindra-t-il en nous ses fresques silencieuses ?
Seul vient un mendiant de mots, chargé de nuit.
Nous nous agenouillons tous deux au bord de l'os,
Inconsolables, pour pleurer l'implosion de la couleur.
Le noir est la seule vérité de la bouche.
Ce soir un peu de bleu a eu pitié de moi
Et s'est posé sur mon front comme une étoile.
Balbuciendo. - éditions Arfuyen, 2012. - 86 p.
Michèle Finck
De la douleur à la couleur...
Née en 1960. Un autre recueil : L'ouie éblouïe (gouaches de Coline Bruges-Renard, éd. Voix d'encre, 2007).
Enseignante de littérature comparée à l'Université de Strasbourg, spécialiste d'Yves Bonnefoy et de Claude Vigée, dont elle a préfacé les oeuvres complètes parues aux éditions Galaade en 2008. Travaille notamment sur les liens entre la poésie et les autres arts : Poésie et danse à l'époque moderne : corps provisoire (éd. Armand Colin, 1992) ; Poésie moderne et musique : vorrei e non vorrei : essai de poétique du son (éd. Champion, 2004) ; Giacometti et les poètes : "si tu veux voir, écoute" (éd. Hermann, 2012).
Déjà invitée sur Poésiemaintenant, les 19 décembre 2006 et 20 novembre 2008.
Pour mieux la connaître, son site (lien ci-contre) : http://michele.finck.free.fr
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