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17/05/2006

Jean Grosjean

 

Brusque silence après les désastres du verbe,

je t'entends à travers la cloison de mon corps,

je vois par la vitre du coeur ce que tu tais,

la vibration du monde épars sur tes deux mains,

la mort des herbes que le frimas change en gloire,

les branches dont le dénuement s'érige au ciel,

sur des nervures tombées que le givre nimbe.

Combien plus sacrée la mémoire que les luttes !

L'âme immobile est délivrée des noirs progrès.

L'aigle au ciel est en proie aux fixités de l'air

sans se repaître que d'infranchissable espace.

La sainte distance est assise entre les dieux,

assise entre l'amour aux longs yeux sans sourire

qui dévore des yeux l'amour aux longs yeux graves

et ce frisson de la flamme sans combustible

face à l'inconsumable flamme qui frissonne.

Je me suis détourné d'un chemin de bétail

pour me tenir pieds nus, mains vides, l'âme en feu

devant ce feu de l'hiver et de ton silence.

 

 

La Gloire ; Hiver. - Gallimard, 1969. - 219 p. - (Collection Poésie ; 45).

 

Jean Grosjean (1912 - 2006)
Quelques autres recueils : Terre du temps (Gallimard, 1946).  Fils de l'Homme (Gallimard, 1954).  La Nuit de Saül (P. Castella, 1970).

 

22:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie

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