02/09/2006
Alain Freixe
Notre regard et quelques autres n'attendent plus que le noir du soir. Sa fraîcheur sur la pupille, pour virer. Tandis que s'émiette ce qu'il croyait arracher aux parois de l'air contre lesquelles nous marchons, livrés au silence qui s'ajoute en pelletées vives et colle à nos pas, sa terre incertaine.
Nous poursuivrons. Parmi les lignes dévastées. Les traits brisés. Les braises éparpillées. Dans les fumées et les cendres. Sur les bords de mondes, toujours autres. A longer les frontières. Là où les poussières se retournent vers le ciel. Nos mains dans les soutes du temps. A mûrir leurs échecs. Notre gloire de lichens. Obstinés dans le peu. Vigilants dans le ténu. Aux aguets dans le pan de lumière qu'accorde l'air aux traces, quand suspendus dans l'abrupt d'un grain qui s'effrite, ils attendent la fronde du vent. Et qu'à ses sifflements, les nuages s'effritent de tous leurs gris.
Tu repartiras. Tu repars toujours. Tes paupières ramassées sur un regard apaisé. Yeux retournés vifs sur les territoires qu'on entend bruire quand il fait noir de cette voix de fête dont retentissent pas et souffles. Claires résurgences de ta faim.
Avant la nuit. - L'Amourier, 2003. - 60 p.
Alain Freixe
Né en 1946. Parmi ses autres recueils : Partage orphelin (G. Chambelland, 1981) ; Où suffit la lumière (Cahiers Froissart, 1989) ; A jour perdu (Encres vives, 1995) ; Comme des pas qui s'éloignent (L'Amourier, 1999, Prix Louis Guillaume 2000) ; Entre pierres et lumières ( La Porte, 2000) ; Traces du temps (L'Amourier, 2003).
09:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
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