21/10/2006
Agnès Adda
Des tours
Le donjon massif de Philippe-Auguste, sceau du roi sur la Terre des Loups. A son pied, je m'imagine courbée, semant, sarclant et priant.
Les tapis d'ardoises, cercles ou losanges qui s'envolent depuis les terrasses de Chambord. Je les déploie et je choisis le plus brillant pour survoler la Forêt des Chasseurs - je connais l'art de suspendre leurs flèches cruelles ; je gagne l'étoile des songeurs : c'est le paradis des fées.
La tour de Belem, le sucre de sa blancheur insoluble dans l'eau.
Je suis le poisson-chat qui la contemple éternellement ; ou celle à qui elle apparut lumineuse et virginale, lui inspirant de saints croquis : je commençai fillette et, jusqu'à la vieillesse, je fus ainsi le peintre d'une seule tour.
Notre-Dame, humble pour avoir été louée trop souvent et pour voir sous elle chaque jour couler la Seine et voir passer les amours. Ses tours ici se dressent, se dresseront ; je me tiens en équilibre sur ce sol ; la colère du ciel, très loin au-dessus de moi.
Double-tour ! Je pénètre au coeur chaud de Paris.
Tresses d'éveils. - Éclats d'encre, 2001. - 86 p.
Agnès Adda
D'elle je ne sais rien, sinon que Tresses d'éveil est son premier recueil, et à ce jour le seul.
11:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
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