06/10/2006
Ariane Dreyfus
Baisers
Toute l'expression des yeux monte aux joues.
Le ciel non plus n'est pas si haut, gonflé
Comme pâle dans son grand singulier.
La terre n'oublie pas ce que nous faisons
Mais les enfants interrogent
Jusqu'à voir nos visages penchés.
Que là-haut s'éclaire, l'eau montre ses fondrières.
Moment creux (quai, piétinements, après-midi);
M'ame embrasse sa fille solide sur la tête :
"Qu'est-ce que c'est, esprit ?
- Voyons...
Se redresse répondante, les mains sur la petite.
- Voyons... Et tire sur la jupe pour qu'elle tombe bien, lisse le petit col double : tout ce qui respire, mais reste."
Qu'a-t-on dans le ventre qui soit l'existence ?
Le ciel se creuse enfin comme une fête puissante qui sonne. Tout juste avant que la nuit l'emplisse et les étoiles crient pour les sourds.
Les miettes de Décembre. - Dé bleu, 1997. - 93 p.
Ariane Dreyfus
Née en 1958. Parmi ses autres recueils : L'amour I (De, 1993) ; Un visage effacé (Tarabuste, 1995) ; La durée des plantes (Tarabuste, 1998) ; Une histoire passera ici (Flammarion, 1999) ; Quelques branches vivantes (Flammarion, 2001) ; Les compagnies silencieuses (Flammarion, 2002) ; La belle vitesse (Dé bleu, 2002) ; La bouche de quelqu'un (Tarabuste, 2003) ; L'inhabitable (Flammarion, 2006).
14:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
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