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30/04/2012

Alexis Bernaut

Reichelt au matin suspendu   (extraits)

 

 

Aubes éparses ; l’une

Signe d’un liseré de sang, l’autre par principe ne signera rien :

 

Grise mal réveillée se languissant de

Gésir encore aux lignes d’horizon

À l’homme, dit-elle, d’apposer son paraphe.

 

***

 

On n’a pas encore fait mieux que le poids mort d’un homme

Pas fait mieux qu’un corps sur une ligne d’horizon

 

Qu’un mort pour peser sur la levée du jour

 

Pour qu’auprès de lui l’aube enfin veuille s’étendre

 

***

 

Aile

Ouverte en parenthèse

                     immédiatement fermée –

au matin repêché

 

***

 

« Bergère, ô Tour Eiffel », au matin suspendu,

entre principes phallique et maternel

 

Qui te fige, t’arrête, t’écartèle,

 

Qui t’a repêché, Reichelt ?

Pauvre appât

Qu’un certain Dieu relancera

au bout d’une ligne tantôt,

tout au bout d’un autre matin.

 

***

 

Pour tous, ton saut fut un spectacle

Immortalisée par la caméra, mort qui n’en est pas une, hors du temps,

Mort dérobée qui n’est pas repos éternel, tout le contraire

 

           Néant

           Répétée, répétable éternellement

 

Pas de miroir en face de toi

mais une caméra derrière toi

a capté ton image

et la terre captait ton corps

 

Ici mené d’un lointain projet

Attiré par la terre d’où tu venais et qui t’a tué

Attiré par la caméra qui t’a perpétué

Mort répétée, à perpétuité

 

Mort immortalisé

 

Comme au point exact de l’entrée dans un trou noir

 

Écartelé

 

 

(inédit)


 

Alexis Bernaut

Né en 1977. A collaboré à l'établissement des anthologies Voix Vives : de Méditerranée en Méditerranée (2011) et Enfances  : regards de poètes (2012), publiées aux Éditions Bruno Doucey.

Son premier recueil, Au matin suspendu, a été publié en mai 2013 par les éditions Rue des Promenades (Paris 19e).



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