28/07/2006
Jean-Pierre Thuillat
Terre adulte
Silence du ciel étoilé. Tu t'accoutumes
aux rives de la mort et mesures le jour
chaque soir d'un pas différent.
La sagesse serait d'attendre. D'affirmer.
Tu n'étais pas né pour porter le monde sur ton dos.
Vient l'heure où l'arbre se repose
sur son feuillage épanoui.
Il ne pousse plus guère, il attend
au bord du bois les printemps les automnes,
produit ses rameaux et ses fruits.
Il ne s'échine plus en vain
à extirper de la terre ses racines
afin de partager le destin du ruisseau
qui sourd goutte à goutte à son pied.
Le versant d'ombre. - L'Arrière-Pays, 1996. - 25 p.
Jean-Pierre Thuillat
Né en 1943. Parmi ses autres recueils : Verglas du bonheur (Saint-Germain-des-Prés, 1976) ; Le désert en face (Traces, 1982) ; Mémoires d'avant-naissance (Cahiers de Poésie Verte, 1987) ; Parabole pour un arbre seul (Jean Le Mauve, 1992).
15:57 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poésie
Commentaires
Sympa ce petit poème !
Écrit par : Caroline | 04/08/2006
LES RIVES DU SAHEL
Une tente bédouine s'éveille
Au milieu d'un soleil désertique
Un ouragan dépose un charme
Sur le front serein d'un enfant
Marchant nue sur le ciel une guillotine
Sourit d'une bouche édentée
A la forêt qui s'ensorcelle
Les cartes routières sont sans fardeau
Dans l'absence de plan détaillé
Des comètes
Sur un rivage aveugle des écumoires
Essaient d'attraper les embruns
L'océan dans un rire
S'évapore au milieu d'un clin d'oeil
Écrit par : gmc | 04/08/2006
L'arbre "attend", sans pourquoi. Car "la sagesse serait d'attendre", nous dit Jean-Pierre T. Attendre la venue du Verbe en nous. Et "ne plus s'échiner en vain".
Or la sagesse d' "attendre" est aussi celle d' "affirmer". Le pâtir serait alors un agir : prononcer un grand "oui" à la Vie. A la vie du Verbe en nous. Aussi celui-ci se fait-il Chemin où le jour est mesuré "chaque soir d'un pas différent".
Ici, Jean-Pierre T. exprime, à mon sens, tout le travail du verbe poétique : laisser être la parole en nous, consentir à la laisser travailler nos profondeurs afin que, de cette relation d'attente et d'affirmation, le poème puisse naître. Parole consentie jusqu'au "silence du ciel étoilé". Merci, Jean-Pierre Thuillat, pour votre beau poème ! Isabelle R.
Écrit par : Isabelle Raviolo | 28/08/2006
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