21/08/2010
Odile Massé
Moi, je l'aimais terriblement.
Mais au bout de quelque temps il se mit à branler des dents et trembler des jambes, tant que ses membres faiblissants se brisaient en petits morceaux qui tombaient autour de nous avec un bruit sec. Ainsi dans le crépitement des fêlures qui s'élargissaient, je trouvai sur le sol des phalanges, des bouts d'os et des vaisseaux sanguins avec lesquels, inlassable, je construis un jeu de dames.
In : Poésies aujourd'hui / Bruno Grégoire ;
postface de Jean-Marie Gleize. - Seghers, 1990. - 326 p.
Plus précisement, dans cet ouvrage : Ceci,
ensemble de textes présentés par Bernard Vargaftig.
Odile Massé
Née en 1950. Comédienne (compagnie 4 litres 12) et auteur dramatique.
Six romans et récits publiés : Alma Mater (AEncrages & Co, 1986) ; Vingt et un cannibales (AEncrages & Co, 1991) ; La Femme poussière (Manya, 1992) ; L'Homme qui dort (illustrations de Baltazar, AEncrages & Co, 1993) ; Tribu (Mercure de France, 1997, Grand Prix de l'humour noir) ; La vie des ogres (Mercure de France, 2010).
Pour en savoir plus :
Répertoire du théâtre contemporain de langue française / Claude Confortès (Nathan).
http://www.mercuredefrance.fr/titres/laviedesogres.htm
http://www.lmda.net/mat/MAT02241.html
05:01 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Comme je comprends cette cruauté douce et amoureuse...
en écho un vieux poème
***
Ces taches sur le tablier me sont tendrement douloureuses
et je
pudiquement
caresse leur souci dans la toile posé
auréoles de rouille et d’avril
la graisse en lune pleine
épave jaune et grise
Ces taches sur le sablier
géographie emplie de doute
dans la forêt les feuilles ont froissé les grands arbres
et l'ombre tâtonant a dénoncé ma fuite
mais je sais désormais l'autre lumière
du vite
il n'y a que silence où résonnait ta voix
Ces taches sur le tablier
une sorte de monstre une odeur métallique
ce geste là ne m’appartenait pas
je dors
regard tendu comme une crampe
sur dix traînées de hâte aux ongles étrangers
Ces taches sur le tablier me sont tendrement douloureuses
persillade rougie que le temps brunira
ton cri en éventail
ton regard libéré assis dans la poubelle
l’air froid qui se recourbe pour ne pas voir ça
auréoles de toi et d’avril
l’agresse en pleine lune
épave morte et grise
Écrit par : Viviane | 25/08/2010
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