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28/10/2006

Marie-Claire Bancquart

 

La mort, on y pense aux matins d'été

quand le vent est tendre sous les platanes.

 

Les amis disparus courent sur la place

sans nous rejoindre, mais nous les voyons de tout près

comme s'ils passaient dans un labyrinthe aux murs bas.

 

La terre est parfumée.

 

On se mord au gras de la paume.

 

Mordre est  une preuve

contre la mort.

 

Peut-être aussi qu'on veut s'éveiller d'un désir :

compter parmi les disparus, pour toujours.

 

L'ombre du chien qui nous escorte

serait encore à côté de nous

rappelant ces matins de la vie, qui s'écoulèrent.

 

 

La paix saignée. - Obsidiane, 2004. - 115 p.

 

 

 

Marie-Claire Bancquart

 

Née en 1932. Également romancière, essayiste, universitaire. Parmi ses nombreux autres recueils : Projets alternés (Rougerie, 1972) ; Mains dissoutes (Rougerie, 1975) ; Mémoire d'abolie (Belfond, 1978) ; Habiter le sel (Pierre Dalle Nogare, 1979) ; Partition (Belfond, 1981) ; Votre visage jusqu'à l'os (Temps actuel, 1983) ; Opéra des limites (José Corti, 1988) ; Végétales (Les Cahiers du Confluent, 1988) ; Sans lieu, sinon l'attente (Obsidiane, 1991) ; Énigmatiques (Obsidiane, 1995, Prix Supervielle) ; La vie, Lieu-dit (Obsidiane, 1997) ; Rituel d'emportement : poèmes 1969-2001 : anthologie personnelle (Obsidiane, 2002) ; Avec la mort, quartier d'orange entre les dents (Obsidiane, 2005).

 

 

13:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie

24/10/2006

Bertrand Degott

 

 

Cet amour-là, je le défendrai becs et ongles

(quand maint chasseur m'aligne en son collimateur)

non content d'arracher leur luxuriance aux jungles

contre moi-même et mes façons de prédateur

 

c'est qu'il est comme un faon dont s'effacent les taches

une enfant qu'on appelle avec des noms de fleurs

et de rivières, comme un bateau sans attaches

brinquebalé des flots, de tous les vents souffleurs

 

c'est qu'il appelle à lui la beauté dont naguère

je disais qu'elle existe en lisière de bois

j'en connais chaque ronce à présent, et la guerre

je la ferai s'il faut, mais pour le moment bois

 

oui bois mon bel amour, à nos baisers-paroles

à cette eau délivrée du mensonge et des rôles.

 

 

Battant. - La Table ronde, 2006. - 85 p.

 

 

Bertrand Degott

 

Né en 1955. Autres recueils : Éboulements et taillis (Gallimard, 1996) ; Le vent dans la brèche (Gallimard, 1998).

Avec la collaboration de Pierre Garrigues, a réuni et présenté les textes du colloque : Le sonnet au risque du sonnet : colloque international de Besançon, décembre 2004 (L'Harmattan, 2006).

 

14:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie

21/10/2006

Agnès Adda

Des tours

 

 

Le donjon massif de Philippe-Auguste, sceau du roi sur la Terre des Loups. A son pied, je m'imagine courbée, semant, sarclant et priant.

 

Les tapis d'ardoises, cercles ou losanges qui s'envolent depuis les terrasses de Chambord. Je les déploie et je choisis le plus brillant pour survoler la Forêt des Chasseurs - je connais l'art de suspendre leurs flèches cruelles ; je gagne l'étoile des songeurs : c'est le paradis des fées.

 

La tour de Belem, le sucre de sa blancheur insoluble dans l'eau.

Je suis le poisson-chat qui la contemple éternellement ; ou celle à qui elle apparut lumineuse et virginale, lui inspirant de saints croquis : je commençai fillette et, jusqu'à la vieillesse, je fus ainsi le peintre d'une seule tour.

 

Notre-Dame, humble pour avoir été louée trop souvent et pour voir sous elle chaque jour couler la Seine et voir passer les amours. Ses tours ici se dressent, se dresseront ; je me tiens en équilibre sur ce sol ; la colère du ciel, très loin au-dessus de moi.

 

Double-tour ! Je pénètre au coeur chaud de Paris.

 

 

Tresses d'éveils. - Éclats d'encre, 2001. - 86 p.

 

 

Agnès Adda

 

D'elle je ne sais rien, sinon que Tresses d'éveil est son premier recueil, et à ce jour le seul.

 

 

11:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie