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17/12/2015

Pierre Dhainaut (2)

 

Reverrions-nous les jardins et les plages,

nous ne quitterions pas nos chambres,

l'aube d'été ne nous aidera pas, ni les poèmes

où nous avons cru oublier la mort ;

Ce mot ne sert qu'à mesurer combien

la gorge est aride. Mais spontanément,

qu'un prénom resurgisse, il nous déborde,

il tient lieu de parole à l'affection, ici même,

au passage, l'arbre s'incarne avec la vague

pour dénouer les voix qui expriment

une absence, qui ont foi malgré nous

en la furtive éternité du face-à-face,

nous respirons ensemble.

 

* * * * *

 

Si aiguë, l'écoute nocturne, en expansion : pour ne pas s'égarer, les poèmes du matin, du bon matin, la réengendrent.

 

* * * * *

 

Variantes, ébauches, ce que l'on désigne abusivement par ce nom d' "oeuvre" n'a pas réussi à les unifier. De déception en déception, de renaissance en renaissance, une oeuvre n'est légitime que si une même question la renouvelle : qu'est-ce qui la relie à toutes les autres ?

 

 

Voix entre voix. - éd. L'Herbe qui tremble, 2015. - 56 p.

 

 

Pierre Dhainaut

Né en 1935. Parmi ses autres publications :  Le poème commencé (éd. Mercure de France, 1969) ; Dans la lumière inachevée (éd. Mercure de France, 1996) ; Paroles dans l'approche (éd. L'Arrière-Pays, 1997) ; A travers les commencements (éd. Paroles d'Aube, 1999) ; Introduction au large (éd. Arfuyen, 2001) ; Entrées en échange (éd. Arfuyen, 2005) ; Au-dehors, le secret (éd. Voix d'encre, 2005) ; Pluriel d'alliance (éd. L'Arrière-Pays, 2005) ; Dans la main du poème (éd. Écrits du Nord, 2007) ; Levée d'empreintes (éd. Arfuyen, 2008) ; Sur le vif prodigue (éd. des Vanneaux, 2008) ; Plus loin dans l'inachevé (éd. Arfuyen, 2010) ; La nuit, la nuit entière (éd. AEncrages & Cie, 2011) ; Vocation de l'esquisse (éd. La Dame d'onze heures, 2011) ; La parole qui vient en nos paroles (éd. L'Herbe qui tremble, 2013) ; Rudiments de lumière (éd. Arfuyen, 2013) ; De jour comme de nuit (avec Mathieu Hilfiger, éd. Le Bateau fantôme, 2014) ; L'autre nom du vent (éd. L'Herbe qui tremble, 2014) ; Progrès d'une éclaircie (éd. Faï fioc, 2014) ; Gratitude augurale (éd. Le Loup dans la véranda, 2015).

Déjà invité dans Poésiemaintenant le 21 juin 2006.

 

17:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie

10/06/2015

Irène Gayraud

 

 

Le vent a soufflé.

Il fait danser les cendres âcres

 

Le feu au corps noir brûle toujours

parfois une main s'éboule

 

Le vent souffle.

Il est arrivé tout à coup

comme un inconnu dans une maison nocturne cogne un meuble

 

Grand bruit dans le silence

et l'on crie qui va là ?

 

 

* * * * *

 

 

L'air passe et repasse sur la carte

elle change d'échelle à chaque battement de cils

 

Aussi vite qu'un kaléidoscope

elle accroît et réduit les distances

incurve les lignes

surprend le regard

 

 

* * * * *

 

 

Les sons bougent aussi

 

Ils encerclent et bourdonnent à l'oreille

 

L'instant d'après

lointains

perdus

ils se défont

tournoient dans l'air indistinct

 

 

 

à distance de souffle, l'air . - éditions du Petit Pois, 2014. - 28 p.

 

 

Irène Gayraud

Née en 1984. A distance de souffle, l'air est son premier recueil. Un recueil de micro-récits poétiques, Voltes, doit paraître aux éditions Al-Manar en 2016.

Textes publiés dans plusieurs revues françaises : A Verse, Place de la Sorbonne, Sarrazine, Verso... et étrangères.

Musicienne, elle s'intéresse aux rapports entre musique et poésie (démarche qui rejoint celle de Michèle Finck) et collabore avec plusieurs compositeurs.

Traductrice de plusieurs poètes de langue allemande, espagnole et italienne (notamment Dino Campana).

Agrégée de Lettres modernes, Docteur en littérature comparée, enseigne en université.

Pour en savoir plus, son site, Pupilles d'encrehttps://irenegayraud.wordpress.com/

(lien ci-contre)

 

02/06/2015

Gilbert Baqué (2)

 

          Message

 

J'ai des anciens laboureurs les mains noires

                       et la vêture simple

 

Je suis capable désormais

                      de me parer d'indifférence

 

A des milliers de souvenances de la mer

                       la ville où je suis né peut m'abreuver de ses poisons

 

J'ai l'âge de vieillir

 

Je vous laisse mon nom.

 

 

Fin provisoire. - éd. Délit, 2008. - 114 p.

 

 

 

J'inscris en marge du quotidien ce rêve de parc

Avec le vent qui s'y déchausse de ses sandales

Et le sexe d'une clairière ouvert au plein mois d'août

 

Je fraternise du désarroi de mon âge avec les herbes dévorantes des pelouses

Jusqu'à souffrir les innombrables raisons de vivre qui chantent

Dans le discours des abeilles et les batailles des arbres

 

Présence hors les barrières fraîches du jour

Hors le tambour des places

Je réinvente une mémoire

Proche ou lointaine

 

Mais sage de la sagesse des cours d'amour.

 

 

Le temps à perdre. - éd. Pierre Jean Oswald, 1970. - 46 p.

 

 

 

          La mer

 

Elle est l'étoile la plus proche.

Elle ne sait pas qu'on la regarde,

Qu'on se découvre devant elle.

 

Les jeunes filles s'en enveloppent comme d'un drap, jusqu'au frisson de leurs épaules.

Le ciel n'en est que plus bleu,

La ville plus lointaine.

 

 

Quand le soleil retrouve les collines,

Que le chœur des baigneuses se tait,

la mer, tout doucement, reprend sa place.

 

Soleils. - éd. de La Renaissance, 1996. - 60 p.

 

 

 

           L'Anti-Requiem

 

Vous qui lirez un jour dans La Dépêche de Toulouse

En page nécrologique l'annonce de ma mort

N'essayez pas de deviner quel visage se cache

Sous le masque banal d'un nom d'un prénom

parmi d'autres

Descendez dans la rue

Saint-Rome de préférence

Mêlez-vous à la foule interrogez tous les regards

Accueillez d'un sourire l'indifférence des filles

La morgue des garçons la solitude des vieillards

Vous me verrez présent dans leurs gestes

leurs cris leurs rires

Leurs larmes leurs appels secrets

leurs silencieux naufrages

Car je reste vivant en eux comme une part d'eux-mêmes

Car on ne meurt jamais tout à fait d'avoir ardemment

Vécu fraternellement vécu simple passager

De ce voyage où chacun attend

le prochain arrêt.

 

Ressacs. - éd. N & B, 2002. - 62 p.

 

 

Gilbert Baqué 

(1935 - 9 avril 2015). Recueils : Révélations (éd. de La Revue moderne, 1959) ; Le temps à perdre (éd. Pierre-Jean Oswald, 1970) ; Désorient (éd. Tribu, 1982) ; L'instant suprême (éd. Le Pâtre, 1990) ; Soleils (éd. de La Renaissance, 1996) ; Ressacs (éd. N & B, 2002) ; Fin provisoire (éd. Délit, 2008).

Déjà invité dans Poésiemaintenant le 6 novembre 2007.

Pour en savoir plus, ce bel hommage de Michel Baglin, autre Toulousain : 

http://revue-texture.fr/poete-et-jazzman.html

 

18:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie