10/12/2006
Gilles Lades
Le premier travail
Faire chair avec le champ de terre fatiguée, la paille effondrée, l'irritation de merles loin
accepter le versant si maigre, si près de changer d'herbe, roux, gris, bientôt le noir de mars
accueillir l'aboiement
comme il parle de l'habitude
endosser ce pays que peu de voix colportent, où le promontoire aggrave un beau visage
aimer la colline même incendiée, grandir autour des troncs lentement lavés, adopter la forêt provisoire, famille de bas chêne montrant de loin midi miroir de crête
hasarder la tendre tranchée vers le silence en eau rapide sur les actes terrés
longer, au retour, la douce lame du narcisse, naissance et froissement d'un peu d'autan
Les forges d'Abel. - La Bartavelle, 1993. - 98 p.
Gilles Lades
Né en 1949. Parmi ses nombreux autres recueils : Lames de fond (Millas Martin, 1977) ; Pierre à dire (Encres vives, 1983) ; Ravins étoilés (Chambelland, 1986) ; Au coeur du hameau (L'Arbre, 1990) ; Au plus près (Encres vives, 1990) ; Le chemin contremont (Hautécriture, 1990) ; Fonderie (Friches / Cahiers de Poésie Verte, 1991) ; Portraits sans noms (Rougerie, 1992) ; Carnets d'Europe (Encres vives, 1992) ; Reprises (A Contre Silence, 1992) ; Serres sur Garonne (Encres vives, 1996) ; La moitié du symbole (Rougerie, 1997) ; Val Paradis (Friches / Cahiers de Poésie Verte, 1999) ; Lente lumière (L'Amourier, 2002) ; De poussière et d'attente (L'Arrière-Pays, 2002) ; Poèmes (La Porte, 2004) ; Le temps désuni (Sac à mots, 2005), ...
11:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie
03/12/2006
Silvaine Arabo
Ascenseur pour le mont Athos.
Pas le droit d'y chanter. Ne suis-je pas femme ? Si profondément, si délicieusement ! Tu ne peux savoir.
Je n'ai pas accès à tes valeurs. Tu n'as pas accès aux miennes. A qui la faute ?
Tu m'as fermé tes jardins.
J'ai consenti.
Je m'obstine à t'aimer, de loin. Non pas comme un chien qui attendrait un os, mais bien comme la magicienne de ta forêt intime : la seule qui puisse t'éveiller de ce cauchemar et glaner les épis du rire (tu n'en connais même plus la résonance...)
Mais si profond est l'oubli, la trahison si grande, qu'il faudra longtemps, peut-être, avant que tu me reconnaisses.
Et que tu me connaisses, simplement, selon les rites anciens par lesquels nous fûmes unis, et si Un, jadis, que nous étions l'axe même de l'univers.
Sang d'âme. - Éditinter, 1999. - 47 p.
Silvaine Arabo
Parmi ses autres recueils : Promontoires (G. Chambelland, 1974) ; Temporalité des miroirs (G. Chambelland, 1991) ; Les adombrés (G; Chambelland, 1994) ; Alchimie du désir (La Bartavelle, 1997) ; Avoir et être (Clapas, 1998) ; Regards corpusculaires (La Bartavelle, 1998).
Son site : http://membres.lycos.fr/mirra/
11:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie
26/11/2006
Louis Dubost
La nuit s'évapore par la fenêtre. Aucun arbre n'a prise sur mes pensées. Des hirondelles tournent au ras de l'eau, marquent soudain beaucoup d'impatience à gravir les rares nuages. Le soleil de tout son poids règne sur l'île.
La mémoire a congédié ses mille et une raisons, toutes meilleures les unes que les autres : elle ne parvient plus à répondre de leur écheveau futile. Certains signes (ombre douteuse des jacinthes, cercles croisés de la grêle) posent le coeur à l'écart. Ils en étoffent les secrets. Et chaque objet - oublié de toi, peut-être - devient compagnon.
Si près de nous, de nos défis, les grands arbres couronnés de silence. Un chêne brûle ses livres d'images. Comme quoi, l'orgueil rend proche. Qu'avons-nous à redouter ?
L'île d'elle ; L'évidence qui passe. - Le Castor Astral, 2000.
- 141 p.
Louis Dubost
Né en 1944. Parmi ses autres recueils : Silex à vif (Chambelland, 1968) ; Apaiser l'ombre (Verticales 12, 1972) ; La vie voilà (L-O. Four, 1983, Prix Antonin Artaud) ; Langue sèche (Tarabuste, 1994), L'escargot n'a rien d'un ange (B-G. Lafabrie, 1996) ; Le bout du monde (Céphéides, 1999) ; La vie voilà - La pipe (La Bartavelle, 2000).
Fondateur, en 1974, des éditions du Dé bleu, devenues en 2005 les éditions de l'Idée bleue (voir lien ci-contre), il est à ce titre un des principaux catalyseurs de renouveau poétique actuel. On peut consulter à ce sujet mon anthologie parue en 2004 aux éditions Éclats d'encre (lien ci-contre) : Ce que disent les mots, qui rassemble 30 des poètes publiés au Dé bleu.
A lire absolument pour mieux connaître le quotidien d'un éditeur face aux auteurs candidats à la publication : sa vigoureuse et savoureuse Lettre d'un éditeur de poésie à un poète en quête d'éditeur, Ginkgo éditeur, 2006, 126 pages, 7 €.
10:00 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie