06/03/2007
Muriel Verstichel
Nous vivons des temps de restriction culturelle, de réduction de la personne humaine où les médias nous donnent à boire et à manger notre fast-food quotidien et nous tirent vers le bas en diffusant des émissions faciles à consommer, nous faisant croire que tout ce qui n'est pas présenté sur leurs plateaux n'existe pas ou n'est pas représentatif d'une société jeune et légère à souhait, tête et corps si possible, plus si affinités, nous persuadant que la liberté passe par le déchargement de nos complexes et angoisses, non en les ramenant à nous-mêmes et en les analysant de manière à les mettre à profit pour le bien de tous, mais en les projetant dans une multitude de jeux de rôles où tout le monde est beau, fort, brillant, la bonté étant quantité négligeable pour le leurre permanent.
L'art participe activement à cette réduction de l'individu en cautionnant une création qui a recours aux mêmes moyens douteux.
(...)
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", disait Camus. Je ne crois pas que le poète doive ajouter au malheur du monde.
(...)
Le poète, selon Achille Chavée, est "un vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne."
L'âme de l'écriture, ou Lettre ouverte à un ami poète. - Les Racines de papier, 2007. - 15 p.
Muriel Verstichel
Née en 1956. Parmi ses autres recueils : Terre de noce (Le Cahier à l'envers, 1987) ; Universellement la main (Le Cahier à l'envers, 1999) ; La nuit crysalide (Écrit/s du Nord, 2001) ; Entre le crépuscule et l'aube (Éditinter, 2003) ; Damier, dans l'antichambre du poème (J. Brémond, 2004) ; Litanies du verbe - Au commencement était l'abandon (Éditinter, 2005) ; Elle traverse la place en diagonale (L'Arbre à paroles, 2006) ; Amoureux, je te parle des fleurs (Les Racines de papier, 2006).
Achille Chavée (Charleroi, Belgique wallonne, 1906-1969). Parmi ses recueils : Pour cause déterminée (1935) ; Le prix de l'évidence (1960).
15:40 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poésie
28/02/2007
Franck Castagné
Dans sa gorge un barrage se noue
un de ses bras s'épuise
en sables et bouleaux.
L'autre saigne son flanc
se fait serpent sous la montagne.
Un soleil glisse sous son dos blanc
et le Gerbier de son enfance.
A ses pieds brisés des mendiants haut-bottés
séduisent des truites folles.
Les draps de brume de la Loire
cachent ses froides amours,
mer où surnagent quelques sommets
et la nuit laisse à l'aube un duvet
qui écharpe les arbres.
Celui qui passe. - Nadir, 1999. - 49 p.
Franck Castagné
Né en 1926. Parmi ses autres recueils : Terre sans nom (Rougerie, 1969) ; L'empire du milieu (Rougerie, 1976) ; Corps premier (Rougerie, 1981) ; Opéra de la terre (Voix d'encre, 1998) ; Offrande de la mémoire (Voix d'encre, 2002, Prix Antonin Artaud).
22:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie
22/02/2007
Annelyse Simao
Avec le soleil distrait d'un sourire
Tu as jeté un mot - comme pierre ordinaire
Pacotille perdue sur une route
Qui ne nous appartient plus désormais.
Je l'ai laissé rouler, lever son univers
De saveurs : sur nos figures, toute innocence
Est tarie. Une sourde inquiétude pluvine.
Nous avons peur et notre peur nous brûle
L'aiguille de nos montres tourne à rebours
Mélodie des petits riens. - Le Dé bleu, 2000. - 99 p.
Annelyse Simao
Née en 1964. Autres recueils : Pas tes mains mais ma bouche (La Dragonne, 2001) ; Dans un corps éloigné de mémoire (La Dragonne, 2005). En revues : Friches, Parterre verbal, Froissart, Comme ça et autrement, Décharge, Phréatique, L'Envol (Québec), Traversées (Belgique), ...
18:25 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poésie