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26/10/2007

Odile Caradec

 

La chienne Vanille hume l'automne

 

 

Une douche sera peut-être ma meilleure alliée

dans ce monde noir de novembre

 

Les pommes chantent sur l'étagère

et dans les interstices de la nuit si longue

on voit des luminosités intenses

les branches deviennent douces

noires et douces

comme les doigts des morts

 

O les journées vécues à la lumière artificielle

les yeux d'un chien nommé Vanille

le feu et la musique

 

Le sourire d'un arbre au bord d'une eau très pure

est si lointain

 

Moi, je m'apaise dans la brume captivante

je cours avec un chien pour qui la vie est friandise,

la vie est course, la vie est muscle avide

 

Soyons tendres pour les animaux éphémères

ils sont bien plus mortels que nous

 

Avec très belle gravité

les grands yeux mordorés de la chienne Vanille

m'auscultent en silence

des yeux ombrés de huppes phosphorescentes

 

J'accepte enfin d'être mortelle

en plein hiver, en pleine déraison

 

Des lévriers courent dans mes poèmes

ils font des bonds puissants

à eux seuls ils sont toute une âme

et je leur confie ma raison 

 

 

Chats, dames, étincelles / Katzen, Damen, Funken.

- Éditions En Forêt (Rimbach, Allemagne), 2005.

(repris dans le numéro 67 de la revue Multiples, 2005) 

 

 

 

Odile Caradec

 

Née en 1925. Parmi ses autres recueils : Nef lune (Traces, 1969) ; Potirons sur le toît (Traces, 1972) ; L'épitaphe évolutive d'un chauve (Fagne, 1972) ; A vélo, immortels ! (Saint-Germain des Prés, 1974) ; Le collant intégral (Saint-Germain des Prés, 1975) ; Les barbes transparentes (Le Dé bleu, 1981) ; Reprise des vides (Le Verbe et l'Empreinte, 1981) ; La nuit, velours côtelé (Nadir, 1988) ; Santal et clavier pourpre (L'Arbre à parole, 1994) ; L'âge phosphorescent (Fondamente Multiples, 1996) ; Citron rouge (Le Dé bleu, 1996) ; Chant d'ostéoporose (Éditinter, 2000) ; Les moines solaires (Clapas, 2002) ; Silence, volubilis ! (Éditinter, 2002) ; Cymbales lointaines (Éditinter, 2003) ; Masses tourbillonnantes (Océanes, 2007).

 

 

Commentaires

"Les pommes chantent sur l'étagère"
et les souvenirs joyeux et tendres des rires et des chansons de ceux que nous avons aimés
j'aime ce rappel dans un poème qui les évoque ailleurs que dans la tristesse des cimetières sous la pluie

Écrit par : adeline | 30/10/2007

"Des lévriers courent dans mes poèmes"
me rappellent les lèvriers des sables de la Loire de Jacques Bertin ou
l'élégance de ces chiens plats

Écrit par : marco | 08/11/2007

Les commentaires sont fermés.