23/07/2008
Nicole Brossard
Nuque 11
je suis comme ça se prononce
langue ou guerre ou précoce
tantôt tournée vers le Nord
ses adjectifs de glace et d'actualité
tantôt phrase lancée libre
dans la lumière des rapprochements
je redeviens un morceau de temps
enfoncé dans notre espèce
Ardeur. - Phi, 2008. - 120 p.
Nicole Brossard
Née à Montréal en 1943. Parmi ses autres recueils : Installations (Castor Astral, 1989) ; Musée de l'os et de l'eau (Cadex, 1999) ; Au présent des veines (Phi, 1999) ; Je m'en vais à Trieste (Phi, 2007) ; D'aube et de civilisation : poèmes 1965-2003 (Typo, 2008).
Également romancière, essayiste et anthologiste.
05:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies, littérature
19/07/2008
Zéno Bianu
même sombre même nocturne
ma musique vient du jour
elle est un hommage
à la lumière du jour
le jour en révèle
tous les pigments
je tombe dans le jour et je vois
le reflet tremblant des lampions
dans les flaques de néant
* * *
je descends voir
ce que les autres ne voient pas
tombé abandonné basculé cassé chu
défailli descendu
dévalé effondré
renversé abattu abîmé accompli envolé
éteint déposé succombé trébuché versé
jamais jamais
je ne serai
un objet de plus dans le monde
* * *
je joue au bord du silence
chaque note a sa pesanteur
son apesanteur particulière
je ne bavarde jamais
je n'aime pas le brio
le brio c'est toujours l'égo
et ses vieilles lunes
je préfère jouer vers autrui vers l'autre
tendre sereinement mon coeur
oui ma musique s'envole vers autrui
c'est un art de l'envol quoi d'autre
* * *
je tombe
mais je monte comme un ange
je descends
jusqu'au fond du ciel
je ne sens
aucune douleur
aucune
la vie est vivante
si vivante
Chet Baker (déploration) / préface d'Yves Buin.
- Le Castor Astral, 2008. - 113 p.
Zéno Bianu
Né en 1950. Une trentaine de recueils, parmi lesquels : Manifeste électrique aux paupières de jupes (Le Soleil Noir, 1971) ; Mantra (Les Cahiers des Brisants, 1984) ; Poèmes et proses des ivresses, avec Vincent Bardet (Seghers, 1984) ; Connaissance de l'ombre (Passage, 1986) ; La danse de l'effacement, préface de Charles Juliet (Brandes, 1990) ; Fatigue de la lumière (Granit, 1991) ; L'atelier des mondes (Arfuyen, 1999) ; Infiniment proche (L'Arbalète Gallimard, 2000) ; Le battement du monde (Lettres vives, 2002) ; Suite pour Albert Ayler (Les Faunes, 2002) ; La troisième rive (Fata Morgana, 2004) ; Lâcher-prise, avec Simon Messagier (Le Temps Volé, 2007) ; Variations Artaud (Dumerchez, 2008).
Plusieurs anthologies, chez Albin Michel, Seuil et Gallimard : poésie chinoise, Indiens précolombiens, poésie contemporaine francophone, haïkus japonais, poètes du Grand Jeu, ...
Essais : Krishnamurti ou l'insoumission de l'esprit (Seuil, 1996) ; Sagesses de la mort (Albin Michel, 1999).
Théâtre : Mandala (France Culture, 1998) ; Orphée (2001), Constellation des voix (Maison de la Poésie, 2008). Traductions et adaptations de Lope de Vega, Miklos Szentkuthy, Marlowe, Brecht, Marian Tsétaïeva, Dostoïevski, ...
05:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies, littérature
15/07/2008
Siham Bouhlal
Mon être ouvre ses plaies pour y tailler
d'autres plaies Il ne sait où va
s'épaissir son sang
Mon être Buisson d'épines qui se
mutile encore Dans ses ténèbres éteint
les cierges et brise les éclairs
Une douleur gisant dans tes mots
décharne ma joie Fracasse ce souffle
qui se porte vers toi
Tes yeux ne me reconnaissant plus
Tes mains devenues absence revêtent
mon corps d'une robe de braises
Où partir quand mes pas me mènent
vers toi Quand ma fragilité en toi
a trouvé refuge Que mes blessures
par tes caresses s'aguerrissent ?
Dans quel silence m'anéantir quand
l'Univers dit ton nom ?
Tu ne veux de mon amour les
inquiétudes Comment arracher les
pages d'un livre scellé par toi ?
Comment entraver le mouvement
de mon âme voyant un autre visage
de ta joie ?
Quel pacte est donc plus vrai
que ton être couché en moi ?
Quelles lignes voudraient
de mon amour tracer les frontières
quand l'Univers ne le contient ?
Quel papyrus saurait renier mon être
quand je suis née de toi ?
Quand tu m'as redonné la foi
quelle force pourrait faire trembler
mon regard sur toi ?
Ma tête voudrait être tranchée par ta
main au lieu de reposer sur un autre
bras
Songes d'une nuit berbère / dessins de Diane de Bournazel.
- Al Manar, 2007. - 88 p.
Siham Bouhlal
Née en 1966 à Casablanca. Autre recueil : Poèmes bleus (Tarabuste, 2005).
Traductrice de textes médiévaux (Le livre de brocart ou la société raffinée de Bagdad au Xe siècle, Gallimard, 2004) et de poésies arabes classiques et modernes (Pour une altérité féconde, Institut du monde arabe, 2003).
05:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poème, poèmes, péosie, poésies, littérature