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26/10/2011

Anne Bihan

 

L'enfance rêve au jardin            torrent

le ciel en pleure      elle glisse

 

le long des murs      oublie

la maison où la lumière vient de s'éteindre

 

un crapaud furtif annonce la nuit

la terre chuchote

 

elle marche aux larmes        s'évanouit

revient vers le seuil où la mort patiente

 

les pierres plongent leurs racines

dans la blancheur du matin.

 

 

Ton ventre est l'océan. - éditions Bruno Doucey, 2011. - 72 p.

 

 

Anne Bihan

Née en 1955 dans la région de Saint-Nazaire, vit en Nouvelle-Calédonie depuis 1993. A publié récits, théâtre, nouvelles, essais.

En poésie : collaboration aux revues Le Mâche-Laurier (n° 9, 1998, éditions Obsidiane) et Carnavalesques (n° 3, 2008, éditions Aspect, Nancy) ; publications dans les anthologies Éclaire nos pas : 15 ans de poésie en Nouvelle-Calédonie : 1995-2010 (éditions L'Herbier de feu, Nouméa, 2011) et Outremer : trois océans en poésie (éditions Bruno Doucey, 2011).

A consulter : www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/bihan.html

A regarder, une interview sur une chaine télévisée de Nouvelle-Calédonie :
http://nouvellecaledonie.la1ere.fr/programmes/temps-de-parole/special-silo-anne-bihan_69950.html

 

 

 

10/10/2011

Judith Pointejour

Anne ma soeur, Anne

 

Une femme de verre aux tombeaux étonnés

semant sapins et sources sur la matière bleue

d'un pays sans nom

creusant l'étroit passage qui abritera

ses songes de cendres

ses visages :

 

Une petite fille à la peau d'hyène

 

Une femme-pendule qui fait briller

les ventres noirs des caveaux

 

Mon enfant malade du coeur qui

habite la flamme bleue du givre

et l'âge d'or des os dévorés par pitié

par habitude

 

Toutes

droites sous la poussière, Anne ma soeur, Anne

le regard des morts irrigue toujours pages et cités

et moi qui passe

mon sang n'a plus

la danse sauvage d'une rivière de Kamouraska

mes avidités se suivent et se ressemblent

mais l'île demeure l'espace

où se jouent les murs et les langues

Les cris jaune pâle des fous de Bassan

me vieillissent de mille ans

et à chaque résistance

l'ondulation

de chacun de leurs vols

bénit la terre

et bâtit le temple

de la Fascination.

 à Anne Hébert

 

In : L'anthologie Terre de femmes :

150 ans de poésie féminine en Haïti,

Éditions Bruno Doucey, 2010, 290 pages.

 

 

 

Judith Pointejour

Les racines et le parcours de Judith Pointejour sont un démenti giflé à la face de tous les tenants d'une dérisoire "identité nationale" et d'on ne sait quel "droit du sang" : née en 1969 à Chicago d'un père afro-américain et d'une mère haïtienne, elle choisit d'écrire en français et publie ses premiers poèmes à Québec dans la revue Brèves Littéraires. Elle habite, splendidement, la langue française.