14/10/2012
Eve Lerner
En ce temps-là,
l'appel de la rivière se faisait trop pressant
et la forêt trop verte et les enfants
envoyés dans les champs de mine
laissaient un trou
comme une lance dans la poitrine.
Les hommes avaient le Moyen-Age dans la tête
et du reptilien dans les gonades :
dès que je leur disais une parcelle de vrai
ou que je leur offrais une facette de ma vision
ils clignaient des yeux sous la lumière
puis s'agitaient de pulsions meurtrières.
Les femmes étaient encore exclues
de la course spatiale même si elles connaissaient
leurs galaxies, leurs nébuleuses à la perfection.
En ce temps-là,
seuls les riches pouvaient jouir
des subtilités de la démocratie occidentale.
En ce temps-là
j'étais pauvre
et je jouissais de mon âme.
Le monde tel que je l'ai laissé.
- éd. L'Autre Rive, 2010. - 96 p.
Eve Lerner
Née en 1949. Parmi ses autres recueils : L'autre rive : The Other Shore (éd. Mama Press international, 1985) ; A capella : je vous dirai mon rêve (éd. L'Autre rive, 2005) ; J'aimerais (éd. Mona Kerloff, 2006) ; Singularités (éd. L'Autre Rive, 2009) ; Le chant vient de plus loin que l'homme (éd. L'Autre Rive, 2010) ; Les états du silence (Atelier de Groutel / éd. J. Renou, 2012).
A préfacé La brûlure des mots, recueil de Jean-Paul Kermarrec paru en 2006 aux éditions de L'Arbre à Paroles (Amay, Belgique).
Collaboratrice régulière de la revue Hopala ! : http://www.hopala.asso.fr/
Pour en savoir plus : le dossier Eve Lerner du 17ème numéro (2011) de la revue Spered Gouez / L'Esprit sauvage (Carhaix).
00:05 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, poème, poésies, poèmes
Commentaires
violences
des mondes modernes
génocides
banals
Écrit par : Olivier | 18/10/2012
J'apprends les trois derniers vers par cœur.
Écrit par : L.D | 20/10/2012
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