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20/05/2006

Alain Wexler

 

 

La Goutte

 


Le fil de la goutte précipite sa chute.

Impossible de le saisir, il disparaît dans la trame.

La goutte est partie liée à sa chute.

Soit elle court vers le fil, soit le fil court vers elle.

Elle jouit aussi de la chute des autres, celles qui disparaissent dans la nuit car de ce côté-ci, c'est le jour.

Il y a dans la goutte un soupçon de nuit.

Dès qu'il se confirme, elle tombe et s'éteint.

O goutte lourde de soupçon, le fleuve est ton aveu.

 

 

Noeuds. - Le Dé bleu, 2003. - 100 p.

 

 

Alain Wexler

Né en 1944. Autres recueils : Récifs (Dé bleu, 1983) et Tables (Dé bleu, 1992), qui forment avec Noeuds trois volets d'une même recherche. Dirige la revue Verso depuis 1977.

 

10:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie

19/05/2006

Sylvie Fabre G.

 

Encore plus au sud, va

vers ce qui te sépare

chair obscure du sans oubli

cherche l'étendue insaisie.

Tu glanes, sous les paupières

de l'air la terre a un nom

- semailles de ton nom

elle s'invente, Italie.

 

 

L'approche infinie. - Éditions du Dé bleu, 2002. - 95 p.

 

 

Sylvie Fabre G.

Née en 1951. Quelques autres recueils : L'autre lumière (Unes, 1995), La vie secrète (Unes, 1995), Première éternité (Paroles d'aube, 1997), Dans la lenteur (Unes, 1998), Le livre du visage (Voix d'encre, 2001), Le génie des rencontres (L'Amourier, 2003), Les yeux levés (L'Escampette, 2005), Quelque chose, quelqu'un (L'Amourier, 2006).

 

 

15:15 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie

17/05/2006

Jean Grosjean

 

Brusque silence après les désastres du verbe,

je t'entends à travers la cloison de mon corps,

je vois par la vitre du coeur ce que tu tais,

la vibration du monde épars sur tes deux mains,

la mort des herbes que le frimas change en gloire,

les branches dont le dénuement s'érige au ciel,

sur des nervures tombées que le givre nimbe.

Combien plus sacrée la mémoire que les luttes !

L'âme immobile est délivrée des noirs progrès.

L'aigle au ciel est en proie aux fixités de l'air

sans se repaître que d'infranchissable espace.

La sainte distance est assise entre les dieux,

assise entre l'amour aux longs yeux sans sourire

qui dévore des yeux l'amour aux longs yeux graves

et ce frisson de la flamme sans combustible

face à l'inconsumable flamme qui frissonne.

Je me suis détourné d'un chemin de bétail

pour me tenir pieds nus, mains vides, l'âme en feu

devant ce feu de l'hiver et de ton silence.

 

 

La Gloire ; Hiver. - Gallimard, 1969. - 219 p. - (Collection Poésie ; 45).

 

Jean Grosjean (1912 - 2006)
Quelques autres recueils : Terre du temps (Gallimard, 1946).  Fils de l'Homme (Gallimard, 1954).  La Nuit de Saül (P. Castella, 1970).

 

22:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie