26/05/2012
Flora Aurima-Devatine
Adresse
En-deçà et au-delà
De nos identités originales
De nos appartenances communautaires,
En-deçà et au-delà
De nos langues détournées, transgressées,
De nos noms reconnus, ressourcés,
De nos terres de nos îles morcelées, archipélagées, dispersées,
En-deçà et au-delà
De nos ruptures, brisures, cassures,
Des clans guerriers, clans paroles, clans écritures,
Clan mémoire, clan histoire,
En-deçà et au-delà
Des mélopées funèbres, désespérances de nos béances,
Manques dans nos corps, de l'âme et de l'esprit en nos sociétés multiples,
En-deçà et au-delà
De tout ça qui fonde et nourrit nos interventions et écritures particulières,
Nous gardons et emporterons dans nos bagages quelque essence qui est :
Sur nos chemins de partage,
L'apport par chacun de son brin de conscience,
De réflexion, d'humanité,
Pour commencer à dire ensemble,
Avec nos mots, nos sonorités, nos musiques intérieures,
La chose à transmettre,
L'esprit de juste mémoire :
Tailler, ajouter, renouer, rénover,
Aplanir, étendre et retresser la natte humaine.
Publié dans la revue Littérama'ohi, n°5, 2004.
Repris dans l'anthologie Outremer, trois océans en poésie /
établie par Christian Poslaniec et Bruno Doucey,
avec la collaboration de Johanna Pélissier.
- éditions Bruno Doucey, 2011. - 282 p.
Flora Aurima-Devatine
Née à Tahiti en 1942. Parmi ses recueils : Vaitiare, Humeurs (éd. Polytram, 1980).
Son essai Tergiversations et rêveries de l'écriture orale : te pahu a hono'ura (éd. Au vent des îles, 1998) est un vibrant plaidoyer pour l'émergence d'une conscience et d'une écriture polynésiennes.
Présente dans l'anthologie Poètes de Tahiti (établie par Sonia Faessel, éd. de La Table ronde, 2001, collection La Petite Vermillon).
15:35 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies, identité, identités, métissage, fraternité, humanité, natte
18/12/2011
Emmanuelle Le Cam (2)
Celui
qui entre à pas de loup
ne déracine que l'éveil
à un autre soleil
et le plomb de son corps
est comme une ode
à la terre mouillée
comme un fleuve
qui serre en son ventre
de grandes chemises blanches
Frontières. - éd. du Dé Bleu, 1995. - 86 p.
Emmanuelle le Cam
Née en 1972. Parmi ses autres recueils : Septembre coagulé (éd. Citadel Road, 1998) ; Le poème de l'eau (éd. Le Chat qui Tousse, 2002) ; Zazen (éd. Wigwan, 2002) ; Poèmes pour Chris (éd. Blanc Silex, 2002) ; Unique demeure (éd. du Dé Bleu, 2005) ; Puis vient la neige (éd. Gros Textes, 2005) ; L'hospitalité des anges (éd. La Part Commune, 2006) ; Bleu profond (éd. Citadel Road, 2007) ; Les nus (éd. Rhubarbe, 2011, préface de Jacques Morin).
Son blog : http://citadel-road.blogspot.com/
Déjà présente dans Poésiemaintenant, le 7 juillet 2006, avec un extrait d'Unique demeure.
00:50 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poète, poésie, poème, poèmes
08/12/2011
Yvon Le Men (2)
Bugueles. Bugel ? Balade au bord de la grève de l'enfant. L'enfant que j'ai sauvé en moi se promène au bord du rivage, au point de départ des départs. Tu épèles quelques mots marins et ouvres un autre monde : le flux, l'étale et le jusant ; l'île, le rivage, le continent. Nous sommes des aventuriers, des poètes, des marcheurs et nous cherchons au fond du ciel le charme dans le nuage et sur l'épave, les traces de l'étrange pays. Aujourd'hui nous découvrons un squelette de goéland intact. Comme si la mort avait attendu l'oiseau, cachée dans les herbes et le vent mélangés au sel, et lui avait laissé le beau mouvement d'envol pour son ultime voyage, le nôtre.
C'est le vaisseau blanc. Aucune odeur de pourriture : les ligaments sont secs. Les os sont fragiles et fins. C'est une leçon de choses comme on disait autrefois quand nous appelions la forêt d'Amazonie la forêt vierge et les neiges du Mont Blanc les neiges éternelles.
* * *
Ne pas entendre les oiseaux
mais les voir écouter
Marcher au bord du gel
et se tremper les pas
La neige est trop chaude
et coule dans la laine
S'endormir sur un banc de bois éteint
et ne pas se rallumer
Baigner ses doigts dans l'eau tiède
avant d'éplucher la soupe
Abandonner l'outil au bord de la route
et rentrer ses deux mains nues
Pour que l'une d'entre elles, au moins
réchauffe l'autre
Se désoler d'une vitre qui tourne le dos au ciel,
d'un carreau qui a peur de la lumière
Qu'y a-t-il de plus propre que la neige ?
* * *
pour le Vieux Vaïnamoinen, Père des poètes finnois
A l'origine
l'enfant quitta le monstre
Les poissons
une dernière fois
lui ressemblèrent
A l'origine
l'enfant marcha de la glace à la pierre
de la pierre au bois
du bois
jusqu'au feu
Au fond de lui
les cris cherchaient des mots
les mots cherchaient des ailes
deux ailes blanches fixées sur une écorce
Du ventre du bouleau
naquirent deux yeux
deux yeux clairs
comme du ciel qui sèche à la fenêtre
comme un mouchoir qui consolerait les dieux
Alors la main
rencontra l'autre main
Le jour ne souffrit plus par la nuit
la terre par le ciel
Alors l'enfant
apprivoisa l'homme
qu'il était devenu
Ces trois textes viennent du même recueil :
Quand la rivière se souvient de la source. - éd. Jean Picollec, 1988.
Yvon Le Men
Né en 1953. Parmi ses autres recueils : Vie (éd. L'Harmattan, 1977) ; En espoir de cause (éd. L'Harmattan, 1978) ; Le pays derrière le chagrin (éd. Gallimard, 1979) ; A l'entrée du jour (éd. Flammarion, 1984) ; Le chemin de halage (éd. Ubacs, 1991) ; La patience des pierres (suivi de) L'échappée blanche (éd. Rougerie, 1995) ; Il fait un temps de poème (éd. Filigranes, 1996) ; Une rose des vents : conversation avec Christian Bobin (Paroles d'Aube, 1997) ; L'écho de la lumière (éd. Rougerie, 1997) ; L'étoile polaire (éd. Paroles d'aube, 1998) ; Le jardin des tempêtes : choix de poèmes 1971-1996 (éd. Flammarion, 2000) ; Le loup et la lune (éd. Rougerie, 2001) ; Un carré d'aube (éd. Rougerie, 2004) ; Agenda de la mer 2007 (éd. Arthaud, 2006) ; Besoin de poème (éd. Seuil, 2006) ; Chambres d'écho (éd. Rougerie, 2008) ; Vingt ans : 1971-1976 (éd. La Passe du Vent, 2011) ; A louer chambre vide pour personne seule (éd. Rougerie, 2011) ; Le point J (éd. AEDAM Musicae, 2011) ;
Romans : Elle était une fois (éd. Flammarion, 2003) ; Si tu me quittes, je m'en vais (éd. Flammarion, 2009)
Nouvelles, récits, essais, lettres, proses : La clef de la chapelle est au café d'en face (éd. Flammarion, 1997) ; On est sérieux quand on a dix-sept ans (éd. Flammarion, 1999) ; Besoin de poème : lettre à mon père (éd. du Seuil, 2006) ; Le petit tailleur de shorts (éd. Flammarion, 2009).
Pour aller plus loin : http://calounet.pagesperso-orange.fr/biographies/lemen_biographie.htm
http://www.printempsdespoetes.com/index.php?rub=poetheque&page=14
http://guyallix.art.officelive.com/yvonlemen.aspx
http://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?article101
http://www.dailymotion.com/video/xe3sco_rencontre-avec-yvon-le-men_creation
http://armorpassion.com/poesie/poetes%20breton/yvon%20le%20men/yvonlemen.htm
http://www.youtube.com/watch?v=dEfP7ufJSAY
http://remue.net/cont/yvonlemen_artiste.html
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2052
Déjà invité dans Poésiemaintenant, le 6 juillet 2006.
06:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies, poète, poètes breton, rivière, source