20/11/2008
Michèle Finck (2)
Mies de pierre
Août rouge en robe de papillons et de pierres ferrugineuses,
Secouant sa chevelure électrique de châtaigners et de fayards,
Déployant ses élytres de ronces,
Nous porte sur son dos et boit le temps.
Exsudation de quartz dans la torsion des schistes.
Plissements torrides de grès et de marnes lie de vin.
Concrétion de lumière sur les lèvres.
Salive de mémoire, cigales.
Nous sortons de leurs gousses le grenat, l'andésite rose,
Le mica noir, pour les semer dans les bouches.
Le torrent a goût d'azur macéré en terre.
Nuages, moelles de l'âme.
Couchés dans les genets, nous mangeons la pulpe
Du soleil et réparons les ailes des mots.
Nous parlons bas à l'oreille du ciel
Et des pétales d'enfance tombent de la langue.
Dans la bergerie en pierres de taille suspendue aux oiseaux,
La lune pond des oeufs de rires,
Que des chercheurs de contes ramasseront avec des chapeaux de neige.
L'ouïe éblouie / gouaches de Coline Bruges-Renard.
- Voix d'encre, 2007. - 179 p.
Michèle Finck
Née en 1960, enseignante à l'Université de Strasbourg, spécialiste d'Yves Bonnefoy et de Claude Vigée, dont elle a préfacé les oeuvres complètes parues aux éditions Galaade en 2008.
Si L'ouïe éblouie est son premier recueil, il rassemble des poèmes parus depuis vingt ans dans de nombreuses revues (Arpa, ...) Parmi ses autres publications : un essai, Poésie moderne et musique : vorrei e non vorrei : essai de poétique du son (H. Champion, 2004) ; un scénario, celui du film de Laury Granier, La momie à mi-mots (1996), dansé par Carolyn Carlson et interprété par Philippe Léotard ; et un disque, Le piano à quatre mains (Udnie-Lorimage, 2003).
A lire sur L'ouïe éblouie : Musique charnelle, un article de Jean-Yves Masson, dans "Le Magazine littéraire" de novembre 2007 (p. 72).
Déjà invitée dans Poésiemaintenant, le 19 décembre 2006.
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21/10/2008
Jean-Yves Masson (2)
LXIV
Je fus au bord du vaste abîme, devant moi
s'étageaient de hautes montagnes, pareilles aux vagues de la mer.
C'était la fin du jour ; des millions d'astres s'allumèrent
juste au dessus de moi. Proche et lointaine dans le rêve,
une pluie d'étoiles filantes commença. Je regardais
leur chute sans retour, leur joie de flammes éphémères
tombant sans bruit dans le néant. Dans l'arbre gris près de la source
chantait l'oiseau de la sagesse : "Une seule fois chaque chose,
un seul destin en toutes choses. Un seul monde. Une seule loi."
Neuvains du sommeil et de la sagesse. - Cheyne, 2007.
- 111 p. - (Prix Max Jacob 2007).
Jean-Yves Masson
Né en 1962. Parmi ses autres recueils : Offrandes (Voix d'encre, 1995) ; Onzains de la nuit et du désir (Cheyne, 1995 et 1999, Prix Roger Kowalski) ; Poèmes du festin céleste (L'Escampette, 2002).
Également romancier (L'Isolement, Verdier, 1996) ; nouvelliste (Ultimes vérités sur la mort du nageur, Verdier, 2007) ; essayiste (Don Juan et le refus de la dette, en collaboration avec Sarah Kofman, Galilée, 1990 ; Le Chemin de ronde : carnets, Voix d'encre, 2004 ; Hofmannsthal : renoncement et métamorphose, Verdier, 2006) ; traducteur de l'allemand (Rilke, Hofmannsthal, Schnitzler, Georg Heym, ...) , de l'anglais (Yeats), et de l'italien (Italo Svevo, Mario Luzi, Roberto Mussapi, Leonardo Sinisgalli, Anna Banti, ...) ; directeur de la collection de littératures germaniques Der Doppelgänger aux éditions Verdier ; librettiste d'opéra (Salammbô, 1998).
Pour en savoir plus : http://www.editions-verdier.fr/v3/auteur-masson.html http://pretexte.club.fr/revue/entretiens/entretiens-traducteurs/entretiens/jean-yves-masson.htm
http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=14263
http://www.postskript.com/ecrivains/entretien-avec-jean-yves-masson.html
http://www.crlc.paris4.sorbonne.fr/pages/persos/pr-masson.html
Déjà présent dans Poesiemaintenant, à la date du 30 avril 2006.
23:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies
31/08/2008
Anne Peslier
à l'entrée des pivoines
les grives écoutent les larmes
des rieuses collées au mur
la belle est dans un fraisier
la jupe dans les épines
nouée à l'écorce
elle range son cou dans la lune
* * *
le sonnambule ouvre l'eau
dans le ventre de sa soeur
si l'oisillon au creux de la roche
prend ses mains pleines d'ongles
casse ta pie en deux
l'écureuil à l'endroit couche
dans les mûres et se tait
Publié dans le n° 41 (été 2008) de la revue Diérèse
Anne Peslier
Née en 1967. Parmi ses autres recueils : L'écaille du serpent (Wigwam, 2007).
Six livres d'artistes aux éditions A Fleur de Peau (plasticienne Nelly Buret).
Publications en revues : Arpa, Contre-Allées, Décharge, La Passe.
21:59 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies