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16/12/2007

Bernard Desmaretz

 

Mon poème ignoré, fils de la terre aux ailes de lumière,

créature des nuits qui me promirent des merveilles,

mon grimoire d'éternité à face de miroir,

toi, mon psaume d'offrande aux répons de silence,

toi, l'agave de ma patience,

écoute-moi : je vais passer.

Mes paroles ici n'auront point de royaume.

 

Mais toi, mon enfant, mon astre qui m'engendre,

tu seras mon défi au jour déchiré de ma pâque.

Toi, mon souffle incarné, fils du soleil aux semelles de terre,

toi, mon verbe descendu dans la glaise du verset,

tu élèveras ton murmure d'herbe aux fanfares du monde.

 

 

Requiem pour un vivant - Revue Résurrection, 1991.

 

Reproduit dans l'anthologie de Jean-Claude Dubois :

"Le silence parle ma langue : présentation critique de 24 poètes

du Nord / Pas-de-Calais" . - (Rétro-Viseur, 1998). - 316 p.

 

 

Bernard Desmaretz

 

(1945 - 2006)

Parmi ses autres recueils : Balbutiements (La Revue moderne, 1966) ; L'ivre d'amour (Carpentier, 1968) ; Symphonie en sol mineur (B. Desmaretz, 1986) ; Paraboles de haute enfance (Froissart, 1988) ; L'épreuve et l'épure (Rétro-Viseur, 1992) ; Le tablier de lumière (Éditinter, 2000) ; Noces quotidiennes (Airelles, 2004) ; Parole de rappel (Rétro-Viseur, 2004) ; Le jardin de Marie (Éditinter, 2005) ; Colporteur d'enfance (Airelles, 2007).

Également romancier, anthologiste, animateur d'ateliers d'écriture pour collégiens, lycéens, détenus.

Directeur de la revue Rétro-Viseur (aux côtés de Pierre Vaast, Alain Lemoigne, Hervé Lesage, Jean-Pierre Nicol, ...)

Mort il y a bientôt un an, le 21 décembre 2006.

 

 

 

 

 

 

 

01/12/2007

Linda Maria Baros

 

Le masque à gaz

 

 

Jusqu'à toi,

        les tailleurs de marches s'écroulent par endroits

               regardant au loin vers l'horizon

               jusqu'à toi.

Engouffrés et mous dans la cage visqueuse de l'escalier.

 

Les couvertures des portes, jusqu'à toi,

        - des peaux de veau, déchirées

                           par les broches des sangliers.

En terre aromatisée (kieselguhr), ton oeil sauvage,

                                                      ta bouche de mercure.

 

Jusqu'à toi, il y a le coin de la rue

           où dorment immobiles, dans un nuage de cristal,

                                 ceux qui n'ont ni maisons, ni dieux.

           Comme à travers la bouche ternie d'un canal,

                               à travers leurs vêtements troués,

            les regarde Celui d'en haut, avec une pitié infinie.

 

Jusqu'à toi, il y a le grand boulevard,

         au-dessous duquel pend

                                 à de longs crochets d'acier,

                                  comme un masque à gaz,

                                            le scalp des jours passés.

         Et la mitrailleuse avec laquelle tu tires longuement.

         Les balles bourdonnent, la caravane ne vient pas.

 

Jusqu'à toi - les paroles dites. Le faux pas.

Tu tires à travers les fenêtres sur toi.

 

 

La maison en lames de rasoir / préface de Patricia Castex Menier.

- Cheyne éditeur, 2006. - 77 p. - Prix Apollinaire 2007.

 

 

 

Linda Maria Baros

 

Née en 1981 à Bucarest. Quatre recueils de poèmes, dont deux en français, parmi lesquels : Le livre de signes et d'ombres (Cheyne, 2004).

Traductrice d'une vingtaine de livres, en roumain et en français. Organisatrice du festival Le Printemps des poètes en Roumanie.

 

 

23/11/2007

Michel Cosem

 

Pour écrire ma mémoire qui se brise

quels oiseaux faut-il que j'appelle

il y en a qui flambent dans les branches

il y en a qui s'endorment dans l'encre de la nuit

et ceux qui font le silence du lac

et ceux qui se prennent pour des becs de pierre.

 

Pour écrire ma main qui applaudit

je dis le sombre soleil prisonnier des murs

la roue qui traverse la fourrure de l'été

la fougère devenue par hasard alcool rouge

et encore le pollen d'une inconnue.

 

Pour écrire le visage de la jeune fille

j'ai des chevaux bruns qui traversent la plage

une fumée de bois pour la métamorphose

et  l'acide matière des trèfles sombres.

 

Ma main secrète se repose

et laisse à l'eau sa liberté 

la mémoire revient comme un fil qui traîne dans le jardin

un cheveu de sa robe une libellule de sa fête

et d'autres pailles inséparables.

 

 

 

In : La lumière et l'exil : anthologie des poètes du Sud,

de 1914 à nos jours / Tristan Cabral.

- Le Temps parallèle,  1985. - 637 p.

 

 

 

Michel Cosem

 

Le centième poète de Poesiemaintenant est né en 1939.

Parmi ses autres recueils : Le givre et la raison (Encres vives, 1969) ; Aile la messagère (Encres vives, 1970) ; Ifs et cris en un seul mot (Encres vives, 1980) ; Sierra mauve le matin (Cadratins, 1996) ; Images au coeur roux (L'Amourier, 1998) ; Rochers et buissons aux lèvres sauvages (Encres vives, 2001) ; Soleil aztèque (De Surtis, 2002) ; L'ombre de l'oiseau de proie (L'Amourier, 2005) ; Gorgées de braises (Sac à mots, 2006).

Ainsi que de très nombreux romans, livres pour la jeunesse, anthologies, ... aux éditions Seghers et Robert Laffont.