Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/11/2007

Gilbert Baqué

 

Alors le monde vivait

D'un peu moins de lilas

D'un peu plus de mémoire

De nuits comme des planches mal jointes

Laissant passer les jours

 

Le sommeil n'avait pas cette odeur

De draps sales après l'amour

De l'amour j'en parlais

Comme de la guerre

A poings fermés

 

Entre le monde et moi

Il y avait moi

 

Tu me manquais

 

 

Le temps à perdre. - P. J. Oswald, 1970. - 46 p.

 

 

Gilbert Baqué 

 

(1935 - 2015). Parmi ses autres recueils : Révélations (La Revue moderne, 1959) ; Désorient (Tribu, 1982) ; L'instant suprême (Le Pâtre, 1990) ; Soleils (La Renaissance, 1996) ; Ressacs (N & B, 2002).

 

S'il m'est permis de faire, pour une fois, une confidence : j'ai entendu Gilbert Baqué lire le poème ci-dessus en 1982 à la Fnac de Toulouse, qui se trouvait alors Place Occitane, et ne m'en suis jamais remis. Tout ce qui a suivi, Poesiemaintenant par exemple, prend sa source là.

Gilbert Baqué, que je n'ai pas revu (sauf, très brièvement, en 1983 lors de la sortie de Désorient aux éditions Tribu alors dirigées par Serge Pey, autre superbe recueil - à rééditer d'urgence, avis aux amateurs), est donc en quelque sorte le parrain de ce site. C'est peut-être, sans doute, certainement infantile. Mais j'assume.

 

Excellente nouvelle : je viens d'apprendre qu'une anthologie de poèmes de Gilbert Baqué doit paraître prochainement, chez Délit Éditions. Comptez sur moi pour vous en reparler.

 

Elle est parue !!! Il s'agit de "Fin provisoire", publié en janvier 2008 chez Délit Éditions (6/8 place du Pont-Neuf 31000 Toulouse, www.deliteditions.com), 128 pages, 16 euros.

Si vous voulez mon avis : à commander de toute urgence. 

 

 

 

 

26/10/2007

Odile Caradec

 

La chienne Vanille hume l'automne

 

 

Une douche sera peut-être ma meilleure alliée

dans ce monde noir de novembre

 

Les pommes chantent sur l'étagère

et dans les interstices de la nuit si longue

on voit des luminosités intenses

les branches deviennent douces

noires et douces

comme les doigts des morts

 

O les journées vécues à la lumière artificielle

les yeux d'un chien nommé Vanille

le feu et la musique

 

Le sourire d'un arbre au bord d'une eau très pure

est si lointain

 

Moi, je m'apaise dans la brume captivante

je cours avec un chien pour qui la vie est friandise,

la vie est course, la vie est muscle avide

 

Soyons tendres pour les animaux éphémères

ils sont bien plus mortels que nous

 

Avec très belle gravité

les grands yeux mordorés de la chienne Vanille

m'auscultent en silence

des yeux ombrés de huppes phosphorescentes

 

J'accepte enfin d'être mortelle

en plein hiver, en pleine déraison

 

Des lévriers courent dans mes poèmes

ils font des bonds puissants

à eux seuls ils sont toute une âme

et je leur confie ma raison 

 

 

Chats, dames, étincelles / Katzen, Damen, Funken.

- Éditions En Forêt (Rimbach, Allemagne), 2005.

(repris dans le numéro 67 de la revue Multiples, 2005) 

 

 

 

Odile Caradec

 

Née en 1925. Parmi ses autres recueils : Nef lune (Traces, 1969) ; Potirons sur le toît (Traces, 1972) ; L'épitaphe évolutive d'un chauve (Fagne, 1972) ; A vélo, immortels ! (Saint-Germain des Prés, 1974) ; Le collant intégral (Saint-Germain des Prés, 1975) ; Les barbes transparentes (Le Dé bleu, 1981) ; Reprise des vides (Le Verbe et l'Empreinte, 1981) ; La nuit, velours côtelé (Nadir, 1988) ; Santal et clavier pourpre (L'Arbre à parole, 1994) ; L'âge phosphorescent (Fondamente Multiples, 1996) ; Citron rouge (Le Dé bleu, 1996) ; Chant d'ostéoporose (Éditinter, 2000) ; Les moines solaires (Clapas, 2002) ; Silence, volubilis ! (Éditinter, 2002) ; Cymbales lointaines (Éditinter, 2003) ; Masses tourbillonnantes (Océanes, 2007).

 

 

21/10/2007

Jean-Baptiste Para

 

 

Détachement

 

 

Comme une vache de sa litière

le soleil se lève.

 

A la butée du bois j'écarte les branches

pour une attente ruineuse dans tes bras secs.

 

Est-ce midi ? Est-ce l'étang ?

L'air étouffe le bruit des bêches.

 

Une seule pluie nous délave.

Nos voix sont des barques sans lien.

 

 

 

La faim des ombres. - Obsidiane, 2006. - 118 p.

 

Poème repris dans :  L'année poétique 2007.

- Seghers, 2007. - 348 p.

 

 

 

Jean-Baptiste Para

 

Né en 1956. Parmi ses autres recueils : Arcanes de l'ermite et du monde (Messidor, 1985) ; Atlantes (Arcane 17, 1991).

Traducteur de l'italien. Directeur de la revue Europe (n° 875, mars 2002 : L'ardeur du poème). Anthologiste et critique.

Pour en savoir plus : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2006/05/jeanbaptiste_pa.html