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08/01/2008

Pierre Colin

 

Cités flétries

 

 

Petit à petit, la nuit a étranglé sa taille et ses hanches.

On ne voit plus que les lèvres et les cités flétries, poussière dans le square.

 

Du taillis est sorti son profil, le clapotis des yeux, mélopées roses, dans les marées du souffle, de l'oubli.

 

Plus rien ne presse.

 

Un enfer nous attend au bout de chaque mot, un enfer où s'avance un mot encore plus pur, chacun trouant la langue d'un autre enfer, car tout n'est que tourment dans la bouche.

 

Le coeur du premier homme cogne dans chaque mot.

 

 

Lieux d'hiver. - Multiples, 2003. - 64 p.

- (Collection Fondamente).

 

 

 

Pierre Colin

 

Né en 1939.  Parmi ses autres recueils : Schizo-symphonie (Actuelles, 1974) ; Citoyen d'autrui (M. Cosem, 1975) ; J'ai dit mon nom, folie dans les syllabes ( Encres vives, 1980) ; Les mots n'ont pas de langue (Encres vives) ; Dans la tour des archers, Europos... (Cadratins, 1993) ; Monde aux yeux brefs, la loi du corps (Soleil et Cendre, 1993) ; Se désagrègent, se décousent nos manteaux de disants (Encres vives, 1997) ; Une épine de bonheur (La Bartavelle, 1997. Prix national 1996 de Poésie jeunesse du Ministère de la Jeunesse et des Sports) ; Le corps rupestre (La Bartavelle, 1998) ; Chacun s'éveillera parmi ses mots dormants (La Bartavelle, 1999) ; Grèce obscure (Encres vives, 2000) ; Tout retourne au bercail des langues (Encres vives, 2001) ; Le retour à Sumer (La Bartavelle, 2002) ; La lave et l'obscur (Castor astral, 2005).

Également romancier et nouvelliste.

 

Pour en savoir plus : http://membres.lycos.fr/mirra/Colin.html

 

 

04/01/2008

Evelyne Morin (2)

 

Rage des mots

inarticulés

Aux vigiles ancestrales

les lunes impassibles

ont le visage de nos colères

dévastées

Que ne pleurent ces temps

qui nous enterrent

étonnés de vivre encore

Dansent les noyés sur les eaux

Explosent les fenêtres consacrées aux flammes

 

Les pas mènent à nos pas

Dans le mirage indéfini

des feux

Racines brülantes

de nos identités perdues

De nous ils parleront encore

nos noms

proférés

exhibés

En otage de nos corps

vagabonds

déchirant l'espace

vide de nous

là-bas

de l'autre côté des murs

flamboyants de l'absence

de nous

Ils n'existent plus

les mots dans la gorge

Clés de seuils perdus

Dans le cercle rouge

la peste des corps exposés à la vie

festoyant le destin des morts

 

Pleine lune une nuit d'hiver

Cette immobilité : un don peut-être de l'éternité au présent

 

 

Rouge à l'âme. - Potentille, 2007. - 22 p.

 

 

Evelyne Morin

 

Parmi ses autres recueils : Le cri de l'aube (P. J. Oswald, 1975) ; La défaillance des jours (Caractères, 1976) ; Miroirs (Caractères, 1978) ; Le jeu de moi (Caractères, 1985) ; La licorne du silence (Caractères, 1987) ; Rencontre occulte à mort perdue (La Bartavelle, 1991) ; Terre de mortes lunes (Table rase, 1993) ; La nuit d'Électre (La Bartavelle, 1996) ; Ombres, désirs (J. Brémond, 2000) ; Dernier train avant le jour (Dé bleu, 2001) ; N'arrêtez pas la terre ici (Polder, revue Décharge n° 119, 2003) ; Non lieu provisoire (Cadex, 2007) ; Un retour plus loin (J. Brémond, 2007) ; N'arrêtez pas la terre ici (Le Nouvel Athanor, 2007) ; Cela, fulguré (Gros Textes, 2007).

Déjà invitée sur Poésiemaintenant (le 28 mai 2006).

Evelyne Morin, en compagnie de Françoise Hàn, Brigitte Gyr et Jong N. Woo, a lu plusieurs extraits de ses (nombreux) derniers recueils le 11 janvier 2008, à la librairie La Lucarne des Écrivains (Paris 19e).

 

 

01/01/2008

Jean Rousselot

 

Je reviens sur mes dires

 

 

Telle une algue au gré de la Sorgue

Tel un nuage au gré du vent

Je reviens sur mes dires

D'humble ludion de la souffrance

 

Mourir est donc tout à fait

Nécessaire

Sinon il faudrait abolir

L'altérité

Dont nous séduisent les offenses

Ou que nous offensons d'amour

Et dissiper le vague fumet d'espoir

Qui circule dans les rues carbonisées

 

La poésie elle aussi doit disparaître

Ce n'est qu'une vipère déclarée légale

Par celui qu'elle mord.

 

 

Passible de... - Autres temps, 1999. - 93 p.

 

 

 

Jean Rousselot

 

(1913 - 2004)

Un des membres de " L'École de Rochefort ", aux côtés de René Guy Cadou, Michel Manoll, Luc Bérimont, Jean Bouhier, Marcel Béalu, Louis Guillaume, ...

Parmi ses très nombreux recueils : Les moyens d'existence : oeuvre poétique 1934-1974 (Seghers, 1976) ; Poèmes choisis : 1975-1996 (Rougerie, 1997) ; Proses (Multiples, 2002) ; Est resté ce qui l'a pu (Autres temps, 2002) ; Minimes (Les Deux-Siciles, 2003).

Également romancier, essayiste, nouvelliste, ...

A signaler : Jean Rousselot ou la volonté de mémoire / François Huglo. - Le Dé bleu, 1995.

Ainsi que : Jean Rousselot, poète du sang versé, du corps vibrant / Jean-Noël Guéno. - Revue Linea, n° 4, été 2005, pp. 83-92.