25/12/2007
Jacques Tornay
Résonance de la vie parfaite
Mon enfance est une patrie
limitrophe du présent où je suis.
Je lève un bras et la dessine en volutes,
mes doigts la palpent comme une grappe de raisin.
Aujourd'hui je ne pose de questions qu'à moi-même
sur le fonctionnement du monde, à quoi il sert,
comment organiser la résonance de la vie parfaite.
J'écris encore de ces lettres d'autrefois
sans me soucier d'un destinataire,
archipels de confidences destinées à personne.
Je poursuis un idéal flûté, hasardeux peut-être
à la mesure de l'air autour des feuilles.
J'ouvre à la nuit qui mendie derrière mes vitres.
Je ne me fane qu'en apparence.
Feuilles de présence. - L'Arrière-Pays, 2006. - 43 p.
Jacques Tornay
Né en 1950 dans le Valais (Suisse romande). Parmi ses autres recueils : Tungstène (Ecchymose, 1975) ; Cornaline (D-M. Bidard, 1978) ; Alternances : yin-yang boogie (Ajène, 1978) ; Roue à aubes (Saint-Germain-des-Prés, 1984) ; Les soifs tenaces (J-M. Bouchain, 1986) ; De si longues distances (Monographic, 1993) ; Je n'ai de bagage que moi-même (Monographic, 1998) ; Couleurs d'origine (Cahiers Froissart, 2001) ; La première personne du pluriel (D'autre part, 2002) ; Grandeur nature (L'Arrière-Pays, 2003).
Ainsi que plusieurs romans, recueils de nouvelles, essais et biographies. A été traduit en anglais et en italien.
05:55 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies, littérature, suisse, suisse romande
16/12/2007
Bernard Desmaretz
Mon poème ignoré, fils de la terre aux ailes de lumière,
créature des nuits qui me promirent des merveilles,
mon grimoire d'éternité à face de miroir,
toi, mon psaume d'offrande aux répons de silence,
toi, l'agave de ma patience,
écoute-moi : je vais passer.
Mes paroles ici n'auront point de royaume.
Mais toi, mon enfant, mon astre qui m'engendre,
tu seras mon défi au jour déchiré de ma pâque.
Toi, mon souffle incarné, fils du soleil aux semelles de terre,
toi, mon verbe descendu dans la glaise du verset,
tu élèveras ton murmure d'herbe aux fanfares du monde.
Requiem pour un vivant - Revue Résurrection, 1991.
Reproduit dans l'anthologie de Jean-Claude Dubois :
"Le silence parle ma langue : présentation critique de 24 poètes
du Nord / Pas-de-Calais" . - (Rétro-Viseur, 1998). - 316 p.
Bernard Desmaretz
(1945 - 2006)
Parmi ses autres recueils : Balbutiements (La Revue moderne, 1966) ; L'ivre d'amour (Carpentier, 1968) ; Symphonie en sol mineur (B. Desmaretz, 1986) ; Paraboles de haute enfance (Froissart, 1988) ; L'épreuve et l'épure (Rétro-Viseur, 1992) ; Le tablier de lumière (Éditinter, 2000) ; Noces quotidiennes (Airelles, 2004) ; Parole de rappel (Rétro-Viseur, 2004) ; Le jardin de Marie (Éditinter, 2005) ; Colporteur d'enfance (Airelles, 2007).
Également romancier, anthologiste, animateur d'ateliers d'écriture pour collégiens, lycéens, détenus.
Directeur de la revue Rétro-Viseur (aux côtés de Pierre Vaast, Alain Lemoigne, Hervé Lesage, Jean-Pierre Nicol, ...)
Mort il y a bientôt un an, le 21 décembre 2006.
16:45 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies, mystique, littérature
01/12/2007
Linda Maria Baros
Le masque à gaz
Jusqu'à toi,
les tailleurs de marches s'écroulent par endroits
regardant au loin vers l'horizon
jusqu'à toi.
Engouffrés et mous dans la cage visqueuse de l'escalier.
Les couvertures des portes, jusqu'à toi,
- des peaux de veau, déchirées
par les broches des sangliers.
En terre aromatisée (kieselguhr), ton oeil sauvage,
ta bouche de mercure.
Jusqu'à toi, il y a le coin de la rue
où dorment immobiles, dans un nuage de cristal,
ceux qui n'ont ni maisons, ni dieux.
Comme à travers la bouche ternie d'un canal,
à travers leurs vêtements troués,
les regarde Celui d'en haut, avec une pitié infinie.
Jusqu'à toi, il y a le grand boulevard,
au-dessous duquel pend
à de longs crochets d'acier,
comme un masque à gaz,
le scalp des jours passés.
Et la mitrailleuse avec laquelle tu tires longuement.
Les balles bourdonnent, la caravane ne vient pas.
Jusqu'à toi - les paroles dites. Le faux pas.
Tu tires à travers les fenêtres sur toi.
La maison en lames de rasoir / préface de Patricia Castex Menier.
- Cheyne éditeur, 2006. - 77 p. - Prix Apollinaire 2007.
Linda Maria Baros
Née en 1981 à Bucarest. Quatre recueils de poèmes, dont deux en français, parmi lesquels : Le livre de signes et d'ombres (Cheyne, 2004).
Traductrice d'une vingtaine de livres, en roumain et en français. Organisatrice du festival Le Printemps des poètes en Roumanie.
12:20 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : poème, poèmes, poésie, poésies, littérature, francophonie, roumanie