13/08/2008
Mikaël Hautchamp
Du frêle et de l'amas
Logeant le frêle, le discours à venir. A vivre vers cette parole insigne. Logeant dans ce babil le songe d'une langue. Logeant le frêle sur une terre neuve. Sur un terrain d'attente. Logeant l'amas, comme en liant, de souffles débordés. L'amas de sons ténus. Décimés par la vague. Par le trait incisé dans la terre immobile. Labile.
L'amas de rais du jour, comme un berceau de bulles. De lumière écartée. Assagie. Assignée sous un tas insipide. Raté. L'amas sali. Tronqué. L'amas de bris qui n'ont pas su finir. Amas de miettes arrivées dans le jour. La lumière inconnue. Et donnée par hasard. Par chaleur.
L'amas perdu, sans aucun lieu. Sans aucun signe dans le jour. Dans le rai de l'insu. De l'insigne joyeux. L'amas cité et comme en fête. Et comme en joie de n'être rien. Amas delà sans être ici. Sans même encore un lieu. Sans même un bris. L'amas de souffles seuls dans le règne imposé d'une terre immobile.
Logeant la voix légère. Les sons perdus d'une langue à venir. A prétendre la phrase. L'esence même de sa langue. Logeant le frêle appui dans un appui de lame. De fil à tordre sous l'amas. La masse issue de la rumeur. Logeant le souple sans discours, la mince tranche de la voix.
Tout le fragile déploye. Avant tout la lumière. La fête incluse dans presque rien. Dans presque tout logeant dans presque rien. Tout le gracile émis sous le couvert. Sous l'amas épuisé. Séché de trop de langues, de passage. Tout le fragile délié. Mué.
Terre à monde. - Cheyne, 2007. - 60 p.
Mikaël Hautchamp
Né en 1975. Autre recueil : Pâle si la nuit (Cheyne, 2002, préface de Jean-Marie Barnaud).
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10/08/2008
Christine Billard
L'amandier teint ses feuilles
à l'ombre bleue du figuier
Quelques traces de fin d'été
sèchent sur la corde à linge
Sommes-nous captifs
des aiguilles du cadran
quand la lumière n'est plus
qu'un mouvement de marée
un phare mécanique
qui projette le temps
et fouaille le ciel
à chaque tour de roue
C'est peu dire
les erreurs des étoiles
qui déroutent nos chemins.
Ronces de douleurs. - La Renarde Rouge, 2007. - 44 p.
Christine Billard
Autres recueils, tous aux éditions de la Renarde Rouge : Portulans (1995) ; Méridiens (1998) ; Arpenteurs de la Terre (2002).
Pour en savoir plus :
http://bleupaille.blogspot.com/2007/11/christine-billard.html
http://www.dechargelarevue.com/id/ (Les I.D. de Claude Vercey, 8 et 9 novembre 2007 - ou bien : mot-clé = billard).
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03/08/2008
Jean-Philippe Raîche
Et l'habitude encore,
comme on garde un secret,
de taire mon souffle
quand s'élève
ce qui n'est pas encore
un air,
un pas,
un claquement connu.
J'entends
le germe enfoui qui peine
et les gémissements offerts
où nait le premier nom du monde
et ces poumons gonflés d'orage,
ventre des voiles fières
de leur fracas.
Dans l'attente mobile
et le bruit.
* * *
Ne me demande pas
ce en quoi je descends
ni le nom de celle
que je cherche.
Longeant les heures,
à mi-chemin d'un jour éteint,
je viens à elle
où elle n'est pas.
Ne me demande pas d'où je reviens.
Suis-moi.
Ne réveillez pas l'amour avant qu'elle ne le veuille.
- Perce-Neige, 2007. - 82 p.
Jean-Philippe Raîche
Né en 1970, en Acadie. Autres recueils : Une lettre au bout du monde (Perce-Neige, 2001) ; Latitude des corps (Écrits des Forges, 2002).
Responsable du livre et du cinéma au Centre culturel canadien de Paris.
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